Un aliment irradié n’est pas radioactif!

Commençons par régler LA question, est-ce dangereux pour la santé, les aliments irradiés?

Selon Santé Canada, «Les aliments irradiés peuvent être consommés sans danger et ils conservent leur valeur nutritive, leur goût, leur texture et leur apparence».

L’irradiation des aliments est pratiquée dans plus de 60 pays et elle est reconnue comme sécuritaire par l’OMS et la FAO.

L’aliment devient-il radioactif?

Non. Les rayons utilisés pour l’irradiation des aliments sont à des niveaux d’énergie trop faibles pour rendre l’aliment radioactif.

Vous en avez fort probablement déjà mangé!

Au Canada, il est permis d’irradier les pommes de terre, les oignons, la farine, le blé, et les épices depuis la fin des années 90. Le saviez-vous? Si vous ne l’aviez pas remarqué, vous n’êtes pas les seuls! Selon un sondage réalisé en mars 2014 auprès de 3000 personnes par la firme Ipsos Reid pour Agriculture et agroalimentaire Canada, 72% des répondants n’avaient  jamais entendu parler de l’irradiation des aliments!

Nouveauté: Depuis février 2017, Santé Canada permet l’irradiation du boeuf haché cru! J’ai consacré un article complet à cette nouvelle.

Pourquoi irradier les aliments?

L’irradiation est pratiquée sur certains aliments pour différentes raisons, soit pour:

  • Inhiber la germination des légumes, comme la pomme de terre ou les oignons
  • Arrêter le mûrissement des fruits
  • Prévenir l’infestation par les insectes et autres parasites dans les céréales
  • Diminuer la charge microbienne d’un aliment et ainsi les intoxications alimentaires et augmenter leur durée de vie par la même occasion

Comment fonctionne l’irradiation?

L’irradiation consiste à soumettre l’aliment à un rayon ionisant. Diverses techniques peuvent être utilisées, soit des rayons gamma, des rayons X ou des faisceaux d’électrons.

Concrètement, les aliments sont placés dans des chambres formées de murs en béton épais et sont alors bombardés de rayons durant quelques minutes selon le procédé.

Les rayons diminueront la quantité de micro-organismes, d’insectes et de parasites et altéreront leur ADN, ce qui les empêchera de se multiplier. L’irradiation modifie également le comportement des processus métaboliques des fruits et légumes, ce qui empêche leur germination ou leur murissement.

Au Canada, on utilise principalement le cobalt 60, émetteur de rayons gamma pour irradier les aliments. C’est la technique la plus efficace et la plus rapide. En effet, elle permet d’irradier des palettes entières de produits préemballés en quelques minutes.

Comment identifier les aliments irradiés de ceux qui ne le sont pas?

Selon l’article 26 du Règlement sur les aliments et drogues de Santé Canada, tous les aliments préemballés irradiés vendus au Canada doivent avoir ces deux mentions sur l’emballage:

– L’inscription « traité par radiation », « traité par irradiation » ou « irradié »   ET

– Le logo Radura, symbole international désignant un aliment irradié

Un aliment irradié qui n’est pas préemballé doit avoir une affiche portant le symbole Radura à côté du présentoir.

*Les deux exceptions à la règle*

Un aliment comportant un ingrédient irradié, mais que la quantité de cet ingrédient est inférieure à 10% dans le produit fini n’est pas tenu d’avoir la mention « irradié » sur l’emballage. Ainsi, si un plat préparé contient des épices irradiées, il n’y aura fort probablement aucune mention sur l’emballage.

Les restaurants ne sont pas tenus par la loi d’informer les consommateurs de la présence ou de l’absence d’aliments irradiés cuisinés dans leurs établissements.

En France

Le gouvernement Français permet l’ionisation (synonyme d’irradiation utilisé en France) d’aliments différents que ceux permis au Canada. Voici la liste des aliments autorisés à l’irradiation: les herbes, les épices, les oignons, les échalotes, les légumes et les fruits secs, les flocons et les germes de céréales destinés aux produits laitiers, la farine de riz, la gomme arabique, la viande de volailles, les abats de volailles, les cuisses de grenouilles congelées, le sang animal, le plasma et les cruors déshydratés, les crevettes, les blancs d’oeufs, les caséines et les caséinates.

L’irradiation n’est pas une technique parfaite.

Malgré que l’irradiation ne modifie ni le goût ni la texture des aliments, le procédé affecte de façon minime certains nutriments. L’irradiation diminue légèrement la quantité de certaines vitamines, comme la thiamine, la riboflavine et la niacine.

Les acides gras des aliments soumis aux rayons ionisants peuvent également former la molécule 2-alkylcylobutanones qui est potentiellement cancérigène. Cependant, les doses utilisées pour irradier les aliments n’en créent pas suffisamment pour avoir un impact sur la santé humaine.

L’irradiation provoque également l’oxydation de certains composés comme les lipides, mais encore une fois, de façon négligeable.

Somme toute, les avantages de l’irradiation sont nettement supérieurs aux inconvénients, ce qui en fait une excellente technique de conservation des aliments. Cependant, beaucoup de travail de vulgarisation reste à faire auprès des consommateurs pour que l’irradiation soit acceptée socialement.

SUITE: Enfin, on peut irradier le boeuf haché cru au Canada!

Références:

ACIA, L’irradiation des aliments,  http://www.inspection.gc.ca/aliments/information-pour-les-consommateurs/fiches-de-renseignements-et-infographies/irradiation/fra/1332358607968/1332358680017

Légifance, Arrêté du 20 août 2002 relatif aux denrées et ingrédients alimentaires traités par ionisation, https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000021244750&dateTexte=20170227

MARTIN, B. Gérard et al, Les presses de l’université Laval, L’homme et ses aliments,  2005, 370 pages.

Santé Canada, Irradiation des aliments, http://hc-sc.gc.ca/fn-an/securit/irridation/index-fra.php

Santé Canada, Examen indépendant du rappel des produits de boeuf de XL Foods Inc. 2012, http://www.foodsafety.gc.ca/francais/xl_reprt-rapprtf.asp

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